Colloque HumanitéS-AnimalitéS : « Le long Moyen Âge tropical des traductions en langue guarani (Paraguay, XVIIe-XVIIIe siècles) »
Aujourd’hui parlé par plus de cinq millions de locuteurs sud-américains, idiome co-officiel du Paraguay et du PARLASUR, le guarani est une langue amérindienne dont l’aire d’influence s’étend de la Guyane française au Nord de l’Argentine. Dès l’époque coloniale, elle est érigée par les autorités espagnoles en « langue générale » : on la dote d’un alphabet et d’une grammaire, on l’imprime et on l’enseigne à l’Université afin d’administrer et d’évangéliser les Indiens, mais aussi les colons venus d’Europe, leurs descendants métis et leurs esclaves africains.
Ce sont alors les missionnaires de la Compagnie de Jésus qui, en collaboration avec des lettrés guarani, ont assumé l’essentiel de ce travail de traduction, dont on conserve plus de dix mille folios manuscrits ou édités, pour la plupart encore vierges de toute étude. Comment expliquer ce statut exceptionnel du guarani colonial ? En quoi ont consisté ces traductions, avec quel rôle des locuteurs amérindiens, quelles stratégies d’adaptation et, surtout, quel impact sur l’Amérique du Sud actuelle ? En prenant comme exemple les livres co-édités par un jésuite sicilien et un cacique guarani, nous découvrirons que les clés de cette énigme tropicale sont d’origine médiévale.
Emplacement : C-2059, Pav. Lionel-Groulx, Université de Montréal