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Marie-José Turcotte

Baccalauréat en histoire / Journaliste et chef d’antenne

Efficace, mais chaleureuse; humble, mais brillante : Marie-José Turcotte (histoire 1979) incarne parfaitement les qualités de la profession qui l’a animée durant plus de 40 ans à Radio-Canada. Figure marquante du journalisme sportif, la journaliste et chef d’antenne récemment retraitée a accepté de s’entretenir avec le Réseau des diplômés et des donateurs.

« J’avais deux ambitions : devenir médecin ou journaliste, énonce-t-elle. Après une année, j’ai lâché les sciences de la santé et choisi les lettres. » Elle prend la décision d’étudier en histoire alors qu’un parcours en journalisme existe dans d’autres universités : « Je cherchais un contenu et non un contenant. J’ai passé trois années merveilleuses à apprendre à écrire, à synthétiser, à travailler. Pour la première fois, on s’adressait à mon intelligence. J’avais en tête de poursuivre mon cheminement avec un certificat en journalisme. »

Son diplôme de baccalauréat en histoire en poche, Marie-José Turcotte part avec son sac à dos pour un voyage d’un an en Europe et en Afrique. « Après une année de liberté, de bonheur et d’apprentissages de vie, je n’avais aucune envie de retourner sur les bancs d’école », souligne-t-elle. Elle décide alors de se lancer sur le marché du travail en ce début des années 1980, malgré un contexte économique très difficile.

En pleine crise économique et après avoir envoyé sa candidature à toutes les stations de radio du Québec – sans succès –, elle se présente à la radio communautaire CIBL, où elle restera un an. Au cours de cette même année, elle s’inscrit à l’école Promédia.

À coup d’audace et de rencontres

Marie-José Turcotte insiste sur l’importance des gens que l’on croise tout au long d’un parcours professionnel. En effet, c’est à Promédia qu’elle lie connaissance avec le fondateur de l’école, Pierre Dufault, qui travaille alors pour Radio-Canada. À son contact, elle réussit à passer la porte du diffuseur public et à y décrocher son premier poste. « Une carrière, ça se fait à coup d’audace et de rencontres », nous dit-elle.

Elle effectue ensuite ses classes à la radio d’Edmonton. « En trois ans à Edmonton, j’ai eu l’équivalent de six ans d’expérience ailleurs », évoque-t-elle. C’est d’ailleurs une autre rencontre, celle de Danielle Jolivet, alors directrice adjointe à Radio-Canada, qui l’a aidée à obtenir cet emploi.

Les sports

Malgré son passé d’athlète de saut en hauteur, Marie-José Turcotte ne se destinait pas aux sports : « Mon rêve, c’était d’être correspondante à l’étranger! » Son entrée dans le journalisme sportif surviendra quand elle sera choisie pour couvrir la Coupe Grey, en 1984. Son rêve de journalisme à l’étranger, elle le vivra en assurant la couverture des Jeux olympiques durant de nombreuses années. À un certain moment de sa carrière, elle voudra sortir de ce domaine, pour finalement décider d’y rester et de s’y amuser.

« Même si, à la base, je ne voulais pas travailler aux sports, j’y prenais beaucoup de plaisir, car autant à la télé qu’à la radio presque tout était en direct, mentionne-t-elle. Dans ce métier, le direct, c’est extraordinaire! » Elle y amène rapidement sa couleur en proposant une vision plus journalistique : « Le sport en direct, par définition, c’était la description de l’événement. Il y avait peu de place pour le journalisme. J’ai été la première à y faire du reportage, ce qui a mené éventuellement aux portraits d’athlètes, devenus une tradition depuis. C’est ainsi que j’ai taillé ma place. »

La pionnière

Bien qu’elle ait été la première femme journaliste aux sports, Marie-José Turcotte a beaucoup de difficulté à s’identifier comme pionnière dans son milieu : « On ne se lève pas un matin en se disant qu’on sera une pionnière. Je réalise qu’à travers mon travail j’ai ouvert des portes. Je savais aussi que, si je faisais des erreurs majeures, j’allais fermer ces portes. »

L’absence de modèles féminins lui a permis d’être elle-même. Elle cite des paroles de Richard Séguin : « J’avais l’innocence de mon arrogance, et l’arrogance de mon innocence. » Telle une athlète, elle a foncé, en refusant d’entendre que sa présence dérangeait.

La retraite

Visiblement, son caractère fonceur lui aura servi, car elle a mené une carrière brillante de quatre décennies. À la retraite depuis juin 2022, la journaliste s’est retirée alors qu’elle était toujours au sommet : « Le plus beau cadeau de ma carrière, c’est d’avoir duré. Je souhaitais partir pendant que j’étais encore bonne. »

Et maintenant? Elle veut prendre son temps : « Toute notre vie est organisée par le travail. Mon prochain défi est d’organiser mon temps… et je me laisse du temps pour le faire! » Fervente de voyage et de marche, elle a plusieurs projets en tête. Toutefois, une porte demeure ouverte : « Je n’ai pas mis de côté les Jeux olympiques de Paris en 2024 », conclut-elle.

EN RAFALE

  • Un souvenir marquant de l’UdeM : la Bibliothèque des lettres et sciences humaines, lieu de tous ses travaux scolaires
  • Un livre : La Détresse et l’Enchantement, de Gabrielle Roy (1984)
  • Un musicien : Miles Davis
  • Des passions cachées : la guitare et l’aménagement paysager
  • Une chose dont elle est fière : avoir contribué à faire une plus grande place au sport féminin à Radio-Canada
  • Si elle s’adressait à Marie-José Turcotte, la jeune diplômée : « Relaxe, Marie-José! Tu feras des erreurs, et c’est normal. »
  • Un conseil pour les étudiants : « La beauté de la jeunesse, c’est d’avoir des idées différentes. Le milieu du journalisme est très difficile, et les places sont rares. N’ayez pas peur de foncer, mais aussi de beaucoup travailler. »