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Expertises en matière d’histoire autochtone et de recherches sur le colonialisme au Québec et au Canada

W. Hind, Innus et Naskapis à Sept-Îles, 1863
W. Hind, Innus et Naskapis à Sept-Îles, 1863

Au Département d’histoire, l’étude de l’histoire autochtone et du colonialisme au Québec et au Canada occupe une place centrale. Les expertises des professeures et professeurs, les projets de recherche menés ainsi que les cours offerts permettent d’explorer ces enjeux essentiels à la compréhension de notre passé et de notre présent.

Expertises et travaux de recherches


Les professeures et professeurs du Département d’histoire de l’Université de Montréal mènent des recherches qui explorent des enjeux historiques variés et d’actualité, allant des relations entre autochtones et colonisateurs à l’histoire politique, culturelle et sociale du Québec et du Canada. Leurs travaux, fondés sur des approches rigoureuses et diversifiées, interrogent les continuités et les ruptures qui façonnent notre société.

Voici quelques exemples de travaux de recherche de notre corps professoral :

Catherine Larochelle, professeure agrégée et Ollivier Hubert, professeur titulaire et directeur du Département d'histoire

Catherine Larochelle
Catherine Larochelle
Ollivier Hubert
Ollivier Hubert

Catherine Larochelle, professeure agrégée et Ollivier Hubert, professeur titulaire et directeur du Département d'histoire

Culture colonialiste euro-québécoise et missions catholiques dans l’Ouest canadien : la propagande missionnaire des Oblats de Marie Immaculée au Québec (1841-1890)

À rebours d’une tradition historiographique qui présente le Québec comme nation colonisée ou hostile au colonialisme, nous suggérons que la société euro-québécoise a au contraire développé un imaginaire colonialiste et impérialiste, en particulier au moment de la conquête canadienne de l’ouest du continent.

Notre projet vise à réévaluer le rôle joué par la conquête de l’Ouest dans la construction nationale québécoise en prenant le mouvement missionnaire oblat comme point d’entrée d’une étude de l’imaginaire colonial canadien français dans la seconde moitié du XIXe siècle. Quoique l’analyse des cultures coloniales et impériales soit désormais établie comme un courant important dans la plupart des historiographies euro-américaines, et qu’elle soit très vivante dans le monde académique anglo-canadien, elle demeure encore balbutiante en ce qui concerne le Québec. Ainsi, nous cherchons à comprendre : (1) le rôle de cet imaginaire colonial dans la construction nationale canadienne française et (2) comment les missionnaires oblats, et le public canadien qui relayait leurs actions, ont participé par là à une culture colonialiste et impérialiste globale?

Notre projet propose une étude de la production, de la diffusion, de la réception et de la circulation dans l’espace public canadien français des discours évoquant les activités des oblats de Marie Immaculée (OMI) dans l’ouest et le nord du Canada actuel. Le travail s’effectue à partir d’une documentation manuscrite, issue de divers dépôts canadiens dans lesquels sont conservées les archives de cette congrégation catholique, et d’une collection d’imprimés qui témoignent de son entreprise propagandiste au Québec. Ce double corpus permet de reconstituer la mise en œuvre d’un ensemble de techniques de persuasion visant à sensibiliser l’opinion franco-catholique du Québec à la cause missionnaire et coloniale oblate dans l’Ouest. Il est également le support d’une exploration du discours missionnaire mettant en lumière ses principales caractéristiques idéologiques et rhétoriques. Le projet utilise les outils théoriques développés par l’histoire culturelle du champ des Settler Colonialism Studies. Il vise à recoloniser l’histoire québécoise afin de rendre possible une appréhension de la continuité contemporaine de ce colonialisme et de ses logiques raciales, que ce soit dans les rapports du Québec avec les Premières Nations ou dans les discours publics sur l’immigration et la diversité. Ce projet de recherche est la première phase d’une recherche de plus grande envergure qui espère pouvoir proposer à l’historiographie québécoise et canadienne une reconsidération du rapport du Québec à la question coloniale.

Mathieu Arsenault, professeur agrégé

Mathieu Arsenault
Mathieu Arsenault

Mathieu Arsenault, professeur agrégé

1) Médecine coloniale et santé autochtone au Québec

Du milieu du 19e siècle jusqu’aux années 1960, les médecins et les pouvoirs publics mettent en place des institutions de prise en charge de la santé autochtone. Adoptant une perspective hygiéniste misant sur la prévention des maladies à partir des années 1870, ils perçoivent les habitations surpeuplées des réserves, l’irresponsabilité des autochtones et leurs tendances nomades comme de dangereuses menaces pour la santé publique. Cela amène l’État à fonder un « hôpital indien » à Pointe-Bleue (1876-1894) et à Québec à partir de 1948 afin de soigner et d’isoler cette population perçue comme négligente.

2) Colonialisme municipal et le rôle des habitants dans la dépossession des terres autochtones

À partir des années 1840, la création des municipalités chargées de l’aménagement du territoire et de la voirie dans le Bas-Canada a ouvert un espace politique permettant aux habitants d’exprimer leurs préoccupations quotidiennes et locales. L’étude du colonialisme municipal offre un cadre d’analyse qui permet de recentrer notre compréhension des rapports historiques entre Québécois et Autochtones dans la seconde moitié du 19e siècle. À la fois espace politique et lieu de construction identitaire, la municipalité a permis aux habitants désirant s’approprier les ressources et les terres de leurs voisins autochtones de déguiser leur convoitise sous le voile du bien public et de l’intérêt national. Ce faisant, ils ont construit et véhiculé des représentations stéréotypées des Autochtones comme des individus «sauvages », nomades, antimoderne, et par nature inadaptés à la vie « civilisée » des villes et des villages de la province.

3) Histoire du négationnisme des droits territoriaux autochtones au Québec depuis le milieu du 19e siècle.

Dans les années suivant la Conquête britannique et l’établissement des nouvelles frontières de la Province of Quebecautour l’axe laurentien, l’application de la Proclamation royale de 1763 semblait garantir une certaine reconnaissance aux droits territoriaux des Premières Nations en dehors des concessions seigneuriales. De fait, l’action de la Couronne dans les affaires Philibot (1766), Allsopp (1766) et Findlay (1767) en faveur des titres ancestraux des Mi’gmaq de Listuguj et des Innus du Nitassinan, démontre que les autorités britanniques reconnaissaient la possession et l’occupation légitime de certains territoires par les Autochtones dans la province. Or, malgré les demandes répétées des Premières Nations et contrairement à l’avis de certains de ses fonctionnaires où à la pratique en vigueur chez son voisin ontarien, l’État québécois n’a pas négocié de traités afin d’éteindre les « titres indiens » lors de la colonisation de nouveaux territoires et l’agrandissement de ses frontières aux 19e et 20e siècles. Adoptant une approche basée sur l’analyse des stratégies narratives plutôt qu’une étude des fondements juridiques sur la question, cette communication analyse les différents discours déployés afin de contester les droits territoriaux autochtones au Bas-Canada et au Québec. Depuis le rapport du commissaire des Terres de la Couronne D.-B. Papineau affirmant que les premiers occupants ont été « totalement détruits » par les Iroquois avant l’arrivée des Français, jusqu’à la thèse de la « mutation ethnique » mise de l’avant dans les publications de N.-M. Dawson au début des années 2000, il est possible de tracer les contours du discours négationniste au Québec.

David Meren, professeur agrégé

David Meren
David Meren

David Meren, professeur agrégé

L’histoire de la participation canadienne – étatique comme non étatique – à l’aide internationale au développement dans le quart de siècle qui suit la Seconde Guerre mondiale ne saurait être comprise sans prendre en compte l’histoire et la réalité contemporaine des rapports entre Autochtones et colons au Canada. Inversement, l’examen de la multiplication des liens, forgés par l’aide, entre le Canada et le Sud global permet de jeter un éclairage nouveau sur l’évolution, après 1945, de la « politique indienne » de l’État canadien et sur le militantisme autochtone.

Dans un contexte marqué par la décolonisation et la guerre froide, l’État canadien a pris part aux efforts de développement afin de promouvoir l’expansion mondiale d’un ordre libéral-capitaliste, en s’appuyant sur les leçons tirées de l’expérience intérieure du déplacement et de la dépossession des Peuples autochtones propres au colonialisme de peuplement. En outre, le discours et les idées transnationales du « développement » – en particulier celles associées au capitalisme du milieu du XXᵉ siècle – ont pénétré jusqu’au cœur de l’ordre colonial au Canada, façonnant les modalités selon lesquelles l’État s’est engagé avec les Peuples autochtones tout en élargissant l’ordre libéral et en supervisant une nouvelle vague de colonisation interne et d’exploitation des ressources à l’intérieur des frontières canadiennes. Si les individus et les peuples autochtones ont été affectés par ces dynamiques et y ont pris part, ils ont également mobilisé le discours du développement pour contester la logique même du colonialisme de peuplement.


Les projets de recherche réalisés par les étudiantes et étudiants du Département d’histoire illustrent la richesse des thématiques explorées et contribuent à l’avancement des connaissances sur l’histoire du Québec, du Canada et des relations coloniales.

Voici quelques exemples de travaux de recherche aux cycles supérieurs :

Étudiante de Dominique Deslandres

Cathie-Anne Dupuis fait un doctorat sur l’esclavage au Québec ancien, intitulé provisoirement « L’esclavage autochtone et afro-descendant au Québec ancien 1632-1834 »

Étudiantes de David Meren

Laurence Fortier, 2e cycle (option Recherche), « Hydrocolonialisme québécois : le cas de l’implantation du village de Radisson lors du développement du Complexe La Grande (1971-1979) »

Mélanie Matte, 3e cycle, « Hydroélectricité et colonialisme médical à la Baie James: Une histoire intersectionnelle du développement au Québec, 1971-2002 »

Étudiant d'Ollivier Hubert

Marc-Antoine Bouchard-Racine, « Du voyage à la carte : Louis Babel à travers le Labrador et l’accaparement du territoire innu-naskapis (1866-1873) »

Étudiantes et étudiants de Mathieu Arseneault

Étudiants diplômés (Maîtrises)

Guillaume Pelletier (2023), Négociation, surveillance et dépossessions : la territorialité ojibwe (1815-1860).

Charles Dorval (2024), Le colonialisme scientifique dans le Nord du Québec : Rousseau, Hamelin et le Centre d’études nordiques (1947-1961)

Antoine Csuzdi-Vallée (2024) « The Gospel is more than mere propositions »: genèse et développement de la coalition oeucuménique Project North, 1975-1987

Alexandre Beaulieu (2024), Les activités parascolaires, le sport et le remaniement du leadership autochtone à Assiniboia : 1958-1967

Étudiants actuels

Ph.D.

David Bigaouette, Le Père Pacifique de Valigny et la culture de l’écriture dans la communauté micmaque de Listuguj : le journal Le Messager Micmac/Setaneoei (1894-1941).

MA

Arthur Foucher, Colonialisme municipal : Les rapports territoriaux entre Premières Nations et Euro-Canadiens à Oka, 1868-1890

Olivier Marchand, Colonialisme médical, hôpitaux indiens et soins des corps anishinabeg à Kitigan Zibi, 1870-1900.

Ariane Sylvestre, "Je vous aime bien mais j'aime mieux mon père" : la collaboration des Autochtones avec les Britanniques lors des rébellions de 1837-1838 »

Alexis Ritchie, Navigation et territoires autochtones : l'impact du bateau à vapeur sur la colonisation au canada, 1830-1870

Alexane Dumoulin, Participation et représentation autochtone durant la Première Guerre mondiale (Codirection avec Carl Bouchard)

Émilie Farkas, Colonialisme municipal et rapports sociopolitiques entre les Algonquins de Kitigan Zibi et les habitants de la vallée de la Gatineau, 1870-1920.

Groupe d’histoire sur le colonialisme québécois

Groupe d’étude sur le colonialisme québécois


Né d’un atelier tenu en 2021 à l’Université de Montréal, le groupe d’étude sur le colonialisme québécois réunit des chercheuses et chercheurs issus de divers horizons disciplinaires et institutionnels. Pensé comme un espace de réflexion collective, il s’attache à examiner le passé et les persistances du colonialisme québécois, tout en contribuant à sa déstructuration.

Ses travaux s’organisent autour de trois axes :

  • l’analyse du discours euroquébécois hégémonique en tant que discours colonial et de ses rapports aux cultures autochtones ;
  • l’exploration de l’influence de l’expérience colonisatrice sur l’imaginaire national ;
  • et l’étude du rôle de la culture dans la production d’un colonialisme d’occupation local.

Pour en savoir plus

Cours enseignés au Département


Le Département d’histoire de l’Université de Montréal propose une vaste sélection de cours qui explorent le passé du Québec, du Canada et de l’Amérique du Nord dans toute leur diversité. Ces enseignements couvrent des thèmes allant des relations entre Autochtones et colonisateurs à l’histoire politique et culturelle du Québec, en passant par l’histoire de Montréal, de l’environnement, des marginalités et des résistances. Ils offrent aux étudiantes et étudiants des perspectives riches et variées pour comprendre les sociétés d’hier et leurs héritages contemporains.

Quelques exemples de cours enseignés au Département :